Un banc ? Pourquoi faire ?

Arrivant près d'une fontaine, représentant un petit ange nu avec versant un seau dans le bassin. tout à fait laid et de mauvais goût pensa-t-elle.
Cependant ce bruit lui était agréable, elle regarda aux alentours, posa son regard sur les quelques bancs autour et opta pour l'arbre dont une branche se superposait sur l'horizon ou se déroulait un coucher de soleil.

- Cet endroit est très bien pour faire la sieste, il faut que je m'en souvienne. Pensa-t-elle à voix haute.

N'ayant à aucun moment perçu la présence de quelqu'un avant d'avoir fini de s'installer, elle fixa la personne et pris le risque de la déranger.

- C'est un drôle d'endroit pour méditer, cette horripilante statue ne te gêne pas ?

Yaone avait beau être concentrée, elle avait mis en place des systèmes d'alarme quand on lui adressait la parole même dans ce type de concentration. Plus rapide que l'éclair, elle détermina immédiatement la provenance de l'appel. Son visage se durcit et son regard se fit noir en se posant sur la jeune femme qui l'interpellait.

- Je ne méditais pas !

Elle accorda un très bref regard à la statue incriminée.

- Non.

- Je ne comprend vraiment pas la passion des sculpteurs qu'ils ont pour faire sans cesse des statues de petits enfants nus, ils sont vraiment louches.

Fronçant les sourcils dans un air d'incompréhension elle s'allongea sur sa branche.

Yaone soupira intérieurement. De toute évidence, sa séance du soir était finie. Elle ferma les yeux un instant, histoire de prévenir la personne avec qui elle était en communication avant d'être dérangée.

- C'est la représentation des angelots. Si cela ne vous convient pas, je vous incite à aller dans un pays où le christianisme n'a pas sa place.

Yaone se leva et changea de place. Non seulement cette femme la dérangeait mais en plus en s'allongeant sur la branche, elle l'empêchait de profiter du coucher de soleil à son aise par toutes les pores de sa peau.

Son incompréhension grandissante elle se sentie fatiguée, sa paresse l'assomait.

- Tout cela est compliqué, la communication aussi, ce n'est vraiment pas mon fort.

Elle ferma les yeux sur le soleil qui disait adieu à cette journée.

- J'en ai bien l'impression effectivement.

Yaone se rassit dans la même position sur l'herbe au soleil, mais cette fois ses mains étaient croisées sur son ventre.

Un faible mouvement l'alerta, elle se retourna, la dame n'avait pas bouger ça devait être son imagination. Cependant son état avait changé, elle était sûrement réveillée. Failoane s'arrêta et chuchota :

- J'espère ne pas t'avoir dérangé d'avantage.

Yaone sourit, amusée par la phrase de la femme. Elle répondit sur la même tonalité, histoire de voir si elle l'entendrait ou pas.

- Ca va. Tu ronronnes... de façon... régulière.

- Les meilleurs ronronnements sont toujours les inconscients, enfin quelqu'un qui parle convenablement sans abîmer l'ouïe des gens.

Failoane s'accroupit dans l'herbe, posant une main au sol.

Yaone resta immobile.

- C'est possible. Et quant à votre ouïe, je vous conseille de l'habituer très rapidement si vous comptez rester dans ces parages.

- Merci du conseil, tu as l'air de savoir de quoi tu parles.

Un air curieux se dessina sur son visage.

- Mais si tu ne méditais, que faisais-tu ?

- Oui, je le sais. J'ai une ouïe plutôt fine moi aussi.

Yaone sourit froidement.

- Cela ne te regarde pas. En France, quand on est poli, on se présente avant de poser des questions aux gens.

- Oh excuses moi je ne fais pas souvent de rencontres, je m'en rappellerais. Je suis failoane je viens d'entrer à la shadowschool.

Se sentant terriblement gênée, elle baissa la tête, s'assit et joint les mains.

Yaone sourit amusée par la réaction physique de la jeune femme.

- Un autre conseil : quand on est à la Shadow, on ne baisse pas la tête et les yeux quand on fait une erreur on regarde les gens en face et effrontément c'est même mieux. Bienvenue parmi nous.

- Suis-je bête je suis censée être méchante c'est vrai, donc tu y étudies aussi ? On s'y recroisera probablement alors, et surtout si tu aimes les endroits de ce genre.

Ayant relevé les yeux elle adressait un regard farouche comme pour essayer de suivre les conseils qu'elle a reçue.

- C'est probable.

- Et bien passes une bonne nuit dans ce cas.

Sur ces mots Failoane disparue à reculons dans la pénombre.

- Bonne nuit.

Yaone sourit intérieurement. Cette petite avait des progrès à faire. Elle lui avait donné son nom, mais ne lui avait même pas demander le sien.

Le soir suivant Failoane retourna au parc, devant cette statue l'inspirant de plus en plus.

- Sera-t-elle là ce soir ?